Nous avons déjà pu admirer cette interprète dans les œuvres de Willi Dorner, Daniel Linehan, Georgia Vardarou, Radouan Mriziga, Marco Torrice, Anneleen Keppens, Renan Martins de Oliveira, Maud le Pladec, Benjamin Vandewalle ou encore Trajal Harrell. Avec ‘Wild Explosion of Radical Softness’, Maria Ferreira Silva associe son talent de danseuse à sa maturité de créatrice pour offrir une œuvre magistrale.

Son expertise est aussi précise que son sujet est énigmatique. Elle explore le concept de plasticité sous différents angles. Sur le plan biologique, elle s'intéresse à la neuroplasticité. Physiquement, elle l’incarne à travers sa danse et le duo qu'elle développe avec un immense morceau de tissu. La plasticité est également abordée comme une philosophie de vie et un principe politique, évoquant la transformation et la résistance. Enfin, elle est aussi une source d'inspiration pour l'imagerie et la poésie qu'elle génère.

Dès les premières secondes du spectacle, ce concept nous convoque. Assise parmi les spectateurs, elle prend un micro et déclare, de mémoire ‘Bonjour, O meu nome é Maria. I have had many bodies throughout history, et je suis née dans celui-ci en 1988’. Son récit entrelace le portugais, le français et l'anglais, chaque langue glissant d’une à l’autre avec fluidité. S'il n'est pas toujours facile de suivre (bien qu'un dépliant nous ait été remis à l'entrée), on se rend vite compte que le but n'est pas de tout comprendre dans les moindres détails. La façon dont elle module sa voix, presque hypnotique, nous fait percevoir comment les sons, les sensations et les signifiants s'entrelacent, ouvrant la voie à une forme de porosité neuronale et nous immergeant subtilement dans l'expérience même de la plasticité.

Puis elle descend sur la scène, enlève ses sabots Crocs et son T-shirt noir, et s'assoit dos à nous. Vêtue uniquement d'un pantalon noir, on découvre dans la pénombre qu'elle porte des cache-tétons dorés sur la poitrine. Cet ornement audacieux crée une tension intrigante avec la nature organique de la peau, produisant un effet à la fois surprenant et élégant. Elle entame un mouvement ondulatoire continu, partant du bassin et remontant le long de la colonne vertébrale. Son dos devient un véritable langage en soi, n'ayant pas besoin de l’expressivité de son regard pour le compléter. Chaque respiration active un muscle, qui en active un autre, amplifiant ainsi le geste dans une harmonie croissante. Un mouvement se métamorphose en l'autre, comme les bulles qui se contractent et coulent lentement dans le liquide d’une lampe à lave.

Les connaisseurs reconnaîtront dans ce magnétisme chorégraphique les contractions pelviennes emblématiques de Martha Graham, la sensualité érotique de Vaslav Nijinski dans ‘L'Après-midi d'un faune’, les coudes saillants de Mary Wigman dans ‘La danse de la sorcière’, ou encore les doigts crochus et expressifs de Valeska Gert. Bien que ces références au répertoire de la danse puissent sembler destinées à un cercle d'initiés, elles ne se réduisent pas à de simples clins d'œil codifiés. Ce sont des mouvements, des gestes et des affects que Maria Ferreira Silva a collectés au fil de son apprentissage. Ces accumulations de savoirs corporels, empreintes indélébiles de ses expériences passées, se dévoilent dans le présent du spectacle. Elles nous invitent à les ressentir et à les intégrer, même si nous ne disposons pas de toutes les clés du répertoire.

Ce tissu immense devient son complice, l'accompagnant dans l'exploration d'archétypes féminins et de figures artistiques emblématiques.

Les magnifiques éclairages d'Elke Verachtert caressent sa peau comme des flammes, instaurant une ambiance feutrée et presque mystique et lie la performeuse et son environnement. Dans cette pénombre rosée, Maria Ferreira Silva, depuis le fond de la scène, déroule un immense morceau de tissu clair et légèrement brillant, invisible jusqu'alors. Extensible, soyeux et fluide comme de la soie, mais robuste et dense comme un drap, ce textile d’au moins 20 m² semble presque vivant, dégageant une aura captivante et mystérieuse. Pour ma part, le mouvement de cette étoffe glissant lentement sur le sol vers nous, semblable à une épaisse couche d'écume progressant doucement, mais avec détermination, demeure l'un des moments les plus mémorables et magiques de la représentation.

Le tissu devient son complice, l'accompagnant dans l'exploration d'archétypes féminins et de figures artistiques emblématiques, telles qu'Isadora Duncan, Doris Humphrey ou Loie Fuller : déesse, reine, sirène, diva, sorcière… Tantôt dissimulé, tantôt exposé, son corps dialogue avec la matière, créant un jeu de transformations mutuelles. Qui façonne l'autre ? Ce partenaire abstrait devient un miroir du corps dans toutes ses dimensions. Le corps endormi, comme dans des draps froissés ; le corps socialisé, habillé pour se conformer ; le corps mort, recouvert d'un linceul ; le corps difforme, qui n’est pas dans la norme ; le corps contemplatif, comme un diaphragme qui se gonfle en forme de dôme avant de se relâcher ; le corps absent, ne laissant derrière lui qu'un tissu vide ; le corps fantomatique, où le plein repose sur le vide ; le corps désiré, débarrassé de ses habits ; le corps énergétique, incarné dans la matière ; et bien sûr, le corps performatif, qui magnifie la présence de celle devant nous.

Morphing, animalité, sculpture vivante, archives, accumulation, histoires personnelles et collectives s'entrelacent avec une précision sensuelle. Le tout est soutenu par la conception sonore de Gasper Piano, qui donne une dimension auditive à la dramaturgie. Spécificité, liberté, accidents : autant de notions évoquées par Ferreira Silva dans son intervention d'ouverture. Ce qui se voit s'entend, et ce qui s'entend se voit, dans une harmonie délicatement tissée et tout aussi énergique quand il le faut.

Souvent choisi pour sa simplicité de production, le solo demeure pourtant l’un des défis les plus exigeants du spectacle vivant. Avec ‘Wild Explosion of Radical Softness’, Maria Ferreira Silva relève ce pari avec une rigueur chorégraphique exceptionnelle, une narration subtile et une rare précision sensorielle.

Naviguant entre figuration et abstraction, elle insuffle à chaque mouvement une charge émotionnelle palpable, amplifiée par des textures dansantes à la fois fluides et gélatineuses. La maîtrise de son corps et le dialogue hypnotique avec le tissu deviennent des vecteurs d’une transformation profonde, touchant l’épiderme du spectateur. L'intensité ne vient pas uniquement de la puissance brute de la performance, mais également de l’élégance avec laquelle elle évoque des notions complexes telles que la vulnérabilité et la résistance.

Ce voyage intime, offert par Maria Ferreira Silva, invite à une immersion totale. Cette œuvre fascinante démontre qu'en explorant le paradoxe entre l'explosion sauvage et la douceur radicale, l'art éphémère de la danse peut laisser une empreinte durable chez le créateur et le spectateur.

NL Vertaling

Een ode aan de plasticiteit

Als een showtitel lang is, hebben we vaak de neiging om hem voor het gemak in te korten. Ik betrapte mezelf erop dat ik 'Wild Explosion' van Maria Ferreira en 'Radical Softness' van Maria Silva zei. Nadat ik de show 'Wild explosion of radical softness' had gezien, realiseerde ik me dat dit onbewuste spel van combinaties tussen de titel en de naam van de ontwerpster al haar hele universum weerspiegelde. Maria Ferreira Silva’s voorstelling verbindt meerdere dimensies en opent de ruimte voor nog zoveel meer. Deze solo van de Portugese artieste belichaamt de ontmoeting tussen rauwe intensiteit en sublieme kwetsbaarheid. Ze is gewoonweg prachtig.

We konden deze performer al eerder bewonderen in werken van Willi Dorner, Daniel Linehan, Georgia Vardarou, Radouan Mriziga, Marco Torrice, Anneleen Keppens, Renan Martins de Oliveira, Maud le Pladec, Benjamin Vandewalle en Trajal Harrell. Met 'Wild Explosion of Radical Softness' koppelt Maria Ferreira Silva haar talent als danseres aan haar rijpheid als schepper om een meesterlijk werk te creëren.

Haar expertise is even precies als haar onderwerp raadselachtig is. Ze verkent het concept plasticiteit vanuit verschillende invalshoeken. Biologisch is ze geïnteresseerd in neuroplasticiteit. Fysiek belichaamt ze het door haar dans en het duet dat ze ontwikkelt met een enorm stuk stof. Plasticiteit wordt ook benaderd als een levensfilosofie en een politiek principe, dat transformatie en verzet oproept. Tot slot is het ook een inspiratiebron voor de beelden en poëzie die ze voortbrengt.

Vanaf de eerste seconden van de show bekoort dit concept. Ze zit tussen het publiek, pakt een microfoon en zegt uit haar hoofd: 'Bonjour, O meu nome é Maria.  I have had many bodies throughout history, et je suis née dans celui-ci en 1988 '. Haar verhaal verweeft Portugees, Frans en Engels, waarbij de ene taal vloeiend in de andere overgaat. Ook al is het niet altijd makkelijk te volgen (ondanks de folder die we bij de ingang kregen), je merkt al snel dat het niet de bedoeling is om alles tot in de kleinste details te begrijpen. De manier waarop ze haar stem moduleert, bijna hypnotiserend, laat ons waarnemen hoe geluiden, sensaties en betekenissen met elkaar verweven zijn, waardoor de weg wordt geopend naar een vorm van neuronale porositeit en we subtiel worden ondergedompeld in de ervaring van plasticiteit.

Dan komt ze het podium op, trekt haar Crocs en zwarte T-shirt uit en gaat met haar rug naar ons toe zitten. Alleen gekleed in een zwarte broek ontdekken we in het halflicht dat ze gouden tepelbedekkers op haar borst draagt. Dit gedurfde ornament creëert een intrigerende spanning met de organische aard van de huid, waardoor een effect ontstaat dat zowel verrassend als elegant is. Ze begint aan een voortdurende golvende beweging, die begint bij het bekken en omhoog gaat langs de wervelkolom. Haar rug wordt een echte taal op zich, die alleen de expressiviteit van haar blik nodig heeft om hem te vervolledigen. Elke ademhaling activeert een spier, die weer een andere activeert. dat versterkt de beweging in stijgende harmonie. De ene beweging metamorfoseert in de andere, zoals de bubbels die langzaam samentrekken en stromen in de vloeistof van een lavalamp.

Kenners zullen in dit choreografische magnetisme de emblematische bekkencontracties van Martha Graham herkennen, de erotische sensualiteit van Vaslav Nijinsky in 'L'Après-midi d'un faune', de uitstekende ellebogen van Mary Wigman in 'La danse de la sorcière', of de expressieve gehaakte vingers van Valeska Gert. Hoewel deze verwijzingen naar het dansrepertoire bedoeld lijken voor een kring van ingewijden, zijn het niet zomaar gecodificeerde knipogen. Het zijn bewegingen, gebaren en affecten die Maria Ferreira Silva tijdens haar opleiding heeft verzameld. Deze opeenstapelingen van lichamelijke kennis, onuitwisbare afdrukken van haar ervaringen uit het verleden, worden onthuld in het heden van de show. Ze nodigen ons uit om ze te voelen en te integreren, zelfs als we niet alle sleutels tot het repertoire hebben.

Dit enorme stuk stof wordt haar medeplichtige,  die haar vergezelt terwijl ze vrouwelijke archetypes en emblematische artistieke figuren verkent.

Elke Verachterts prachtige belichting streelt haar huid als vlammen en creëert een verstilde, bijna mystieke sfeer die de performer bindt aan haar omgeving. In dit rozige halflicht ontrolt Maria Ferreira Silva, van achter op het podium, een enorm stuk lichte, licht glanzende stof die tot dan aan het zicht onttrokken was. Rekbaar, zijdeachtig en vloeiend als zijde, maar toch sterk en dicht als een laken, lijkt dit weefsel van wel 20 m² bijna te leven en geeft het een fascinerende en mysterieuze uitstraling. Voor mij blijft het moment dat de stof langzaam over de vloer naar ons toe glijdt, als een dikke laag schuim die langzaam maar onverzettelijk voort schuift, een van de meest memorabele en magische momenten van de voorstelling.

De stof wordt haar medeplichtige, die haar vergezelt terwijl ze vrouwelijke archetypes en emblematische artistieke figuren zoals Isadora Duncan, Doris Humphrey en Loie Fuller verkent: godin, koningin, sirene, diva, heks... Soms verborgen, soms bloot, gaat haar lichaam een dialoog aan met de stof, waardoor een samenspel van wederzijdse transformaties ontstaat. Wie geeft vorm aan de ander? Deze abstracte partner wordt een spiegel van het lichaam in al zijn dimensies. Het slapende lichaam, als in verfrommelde lakens; het gesocialiseerde lichaam, gekleed om zich te conformeren; het dode lichaam, gehuld in een lijkwade; het misvormde lichaam, dat niet past in de norm; het contemplatieve lichaam, als een middenrif dat zwelt tot een gewelf om vervolgens te ontspannen; het afwezige lichaam, dat alleen een leeg weefsel achterlaat; het spooklichaam, waar volheid op leegte rust; het begeerde lichaam, ontdaan van zijn kleren; het energetische lichaam, belichaamd in materie; en natuurlijk het performatieve lichaam, dat de presence van de persoon voor ons uitvergroot.

Morphing, animaliteit, levende sculptuur, archieven, accumulatie, persoonlijke en collectieve geschiedenissen vervlechten zich met sensuele precisie. Dit alles wordt ondersteund door het geluidsontwerp van Gasper Piano, dat een auditieve dimensie toevoegt aan de dramaturgie. Specificiteit, vrijheid, ongelukken: allemaal begrippen die Ferreira Silva oproept in haar openingswoord. Wat kan worden gezien kan worden gehoord, en wat kan worden gehoord kan worden gezien, in een delicaat geweven harmonie die ook energiek is als het moet.

De solo wordt vaak gekozen vanwege de eenvoud van de productie, maar blijft een van de meest veeleisende uitdagingen in live optredens. Met 'Wild Explosion of Radical Softness' gaat Maria Ferreira Silva deze uitdaging aan met uitzonderlijke choreografische precisie, een subtiel verhaal en een zeldzame zintuiglijke precisie.

Ze laveert tussen figuratie en abstractie en voorziet elke beweging van een voelbare emotionele lading, versterkt door danstexturen die zowel vloeibaar als stroperig zijn. Haar meesterschap over het lichaam en hypnotiserende dialoog met de stof worden vectoren van diepgaande transformatie, die de huid van de toeschouwer raken. De intensiteit komt niet alleen van de rauwe kracht van de voorstelling, maar ook van de elegantie waarmee ze complexe begrippen als kwetsbaarheid en verzet oproept.Deze intieme reis van Maria Ferreira Silva nodigt uit tot totale onderdompeling. Dit fascinerende werk laat zien dat door het verkennen van de paradox tussen wilde explosie en radicale zachtheid, de vluchtige kunst van de dans een blijvende indruk kan achterlaten op zowel maker als toeschouwer.