Performance

D-Marche Collectif de 7 artistes

Une expérience singulière et intime de soi-même

Le projet ‘D-Marche’ est né lors du premier confinement de l’année 2020 et a été imaginé par un collectif de 7 artistes vivant à Bruxelles. La ‘D-Marche’ est librement inspirée de ‘Walking’, une promenade lente commençant et se terminant par une installation, créée en 2008 par Robert Wilson en collaboration avec Boukje Schweigman et Theun Mosk. 

D-Marche
Lodie Kardouss Parc Duden, Bruxelles
'Park Poetik'
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29 juli 2021

La ‘D-Marche’ Bruxelloise est une pratique qui s’est développée durant ces longs mois où la vie fut mise à l’arrêt. Elle est aujourd’hui une proposition déambulatoire qui convie tout un chacun à faire l’expérience du moment présent au travers d’une marche lente ponctuée par quelques interventions artistiques sur un parcours défini dans le parc Duden. Cet été, des promenades matinales sont proposées dans le cadre de la manifestation ‘Park Poétik’ à Forest.

Après avoir réservé son créneau horaire pour faire partie de cette promenade méditative en petit groupe, nous sommes conduits au point de rendez-vous de l’expérience. Là, on nous demande de nous défaire de notre montre ainsi que de notre téléphone portable. L’expérience peut commencer. 

Une personne à la fois est emmenée en un nouveau lieu non loin du point de départ alors que le reste du groupe attend sur place. Si nous pensions que l’expérience méditative commencerait avec la marche, elle débute malicieusement dans l’attente d’être convié à la prochaine étape du parcours car, faute de téléphones portables pour nous divertir, nous devons nous faire face.

Alors on se met bizarrement à parler à voix basse, voire à ne plus parler du tout, le temps semble se suspendre et certaines émotions commencent à se montrer à nous. On observe, on appréhende, on s’éloigne un peu, on se concentre sur soi-même, chacun à sa réponse émotionnelle au silence. Le groupe semble étrangement contraint dans sa socialisation bien que tout notre potentiel de présence soit finalement maximisé.

Après quelques étapes effectuées grâce aux guides de la performance, nous nous retrouvons autour d’un parterre de fleurs circulaire. Le cercle est la forme parfaite pour le rassemblement des énergies et la rencontre de l’autre. 

A l’angoisse de l’attente et de la solitude ressentie au préalable, se substitue le désir timide d’échange visuel dans un recueillement bienveillant. Aux promeneurs passant par là, il semble qu’à présent nous communiquions silencieusement le sentiment galvanisant de groupe. L’expérience peut se poursuivre. 

Nous sommes de nouveau pris en charge un à un avec la consigne de suivre la personne qui se trouve à plusieurs mètres devant nous au rythme d’un pas par seconde. Dans cette nouvelle configuration de file indienne, nous devenons ainsi le guide de chacun d’entre nous. 

Notre rythme de marche est profondément modifié car non seulement il est plus lent que notre rythme naturel de citadin - même en forêt - mais il cherche aussi à se caler sur celui de notre guide qui lui-même évolue en phase avec celui qui le devance.

Qui est cet autre à qui l' on donne ce rôle de guide? 

Qui est cet autre à qui l’on donne ce rôle de guide? Que faire si l’on perd sa trace? Notre futur est un visuel sur une à deux, parfois trois personnes devant nous, notre présent est notre corps qui avance au rythme de l’unité seconde et bien que la lenteur limite l’imprévu, notre passé se dérobe finalement rapidement sous nos pieds.

L’expérience se poursuit, ponctuée de-ci de-là de différents sons étrangers à la forêt. Quelques coups de tambours, quelques vocalises éveillent et colorent nos sensations intérieures. Ces interventions artistiques discrètes et bien équilibrées apportent une dimension sensible à nos pensées qui insistent pour nous faire jouer au mieux notre rôle de maillon de cette chaîne humaine. 

D’autres interventions artistiques jalonnent notre parcours, nous les captons ou non en fonction de notre capacité à lâcher prise sur notre volonté de bien faire. La seule certitude est que nous avançons et que c’est grâce à notre corps en mouvement que nous prenons confiance en nous. Le corps permet l’expérience physique du moment présent, tout en étant le support réflexif tangible du moment passé. 

Est-ce-que l’autre tient véritablement ce rôle de guide qu’on lui avait assigné au début de la marche ou n’est-il simplement qu’une source disponible d’informations à notre navigation? Par extension, suis-je moi-même si nécessaire au bon déroulement de la vie de celui qui me suit? Gardons-nous en tête que nous sommes, quoiqu’il arrive, libres de nos choix? 

Si au début ne pas perdre la trace de l’autre et donc du groupe nous semblait être l’enjeu, la marche nous permet finalement de réaliser que le défi est sans doute de ne pas se perdre soi-même dans ses propres peurs.

...Nous marchons, nous progressons, nous accédons, nous arpentons, nous acceptons, nous évoluons...

Cette déambulation physique et mentale aboutit à notre point de départ, le parterre de fleurs circulaire. L’attention se retrouve de nouveau dans le pot commun que nous avions nourri avec fragilité une heure et demie auparavant.

Alors que les promeneurs du parc Duden, indirectement spectateurs de cet évènement, ont pu témoigner de notre acte poétique grâce à notre présence chorégraphiée dans cette forêt-théâtre, nous avons la sensation d’être arrivés à bon port dans notre parterre de fleurs intérieures. 

Plus qu’une expérience de la forêt et de son environnement sonore et olfactif, cette performance propose grâce à son stratagème simple et défini, une expérience singulière et intime de soi-même. Il ne tient plus qu’à nous de faire vibrer cette promenade du samedi matin au reste de la semaine. 

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